20 décembre 2021
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Patrimoine de Gan : la "Teulère"

Dans cette série d'articles, Daniel Trallero nous éclaire sur l'histoire du patrimoine Gantois.

Des centaines de tuileries se créèrent au nord des Pyrénèes durant le 19éme siécle. Dans ce vaste mouvement, les fréres Boves, Belges flamands, viennent s’installer à Gan et mettent en route en 1896 une petite tuilerie à l’ouest de la voie ferrée au pied du coteau de Bastarrous(*). 

Vers 1900, l’usine est rachetée par M.Larrieu et Auguste Leduc prend la direction. Ne connaissant pas bien la fabrication, l’usine est louée aux deux beaux-frères Pierre-Louis Lartigue et Pierre Dumas qui possèdent déja quatre usines : Auch (1856), Nogaro, Riscle (1890) et Agen (1893).

Jusqu’en 1914, Lartigue & Dumas aménageront et équiperont cette "usine à vapeur" avec sa grande cheminée. L’usine fermera en 1914 durant la guerre.

En 1920, L&D achétent l’usine et au décés de PL Lartigue l’usine de Gan intègre la "société anonyme des anciens établissements Lartigue et Dumas" qui gérent trois tuileries : Auch, Agen et Gan. L’usine de Gan est agrandie. Les murs Nord et Ouest sont enfin bâtis en dur et remplacent les vieilles planches de bois.

C’est à cette époque que le comte O’Gorman entame ses recherches fossilifères et publie son ouvrage "Le gisement Cuisien de Gan".

En 1923, Adolphe Leduc, fils d’Auguste, prend la direction de l’usine.

En 1930, le premier four est démoli et un four Hoffmann est installé. C’est un four annulaire à "feux mobiles" qui fonctionne au charbon où l’on empile les produits à cuire. Il fonctionnera sans interruption jusqu’en 1963, des équipes de chaufourniers se relayant toutes les 8 heures. Parmi le personnel, nous trouvons de nombreux immigrés espagnols.

En 1946, Alfred Leduc, frère d’Adolphe, prend à son tour la direction mais décède peu après. La vacance est assurée par son épouse Madeleine et par Bernard Labignasse, contremaître. D’autres directeurs se succéderont : Pierre Desgranges (1947-54) et Bernard Demoncuit (1955-60), jusqu’au retour d’Adolphe Leduc qui bâtira une nouvelle usine fonctionnant "au gaz de Lacq" et qui mettra en route en 1963 un four tunnel "à feu fixe et produits mobiles" de 2m20 de large. A son départ à la retraite en 1965, Mr Bénéjean lui succèdera.

En 1974, avec la crise pétrolière, des difficultés apparaissent. L’usine n’est plus techniquement compétitive. Le four tunnel n’est pas suffisamment grand. L’usine qui emploie alors 75 personnes (dont la moitié sont des immigrés maghrébins logés dans un bâtiments attenant) ne produit que 100 tonnes par jour alors qu’à Colomiers (31) le même tonnage est réalisé par 15 personnes avec un four de 4m50 de large.

De plus, l’exploitation de la carrière commence à poser problème. On doit aller chercher de l’argile jaune à Sauvagnon et du sable feldspathique à Rébénacq pour aréniser (aérer) la marne bleue de Gan qui était trop compacte. Puis il fallut aller chercher de la marne dans une nouvelle carrière ouverte sur la route de Lasseube car celle de Gan s’épuisait. La fermeture de la tuilerie est inéluctable et l’usine s’arrête définitivement le 5 juillet 1975.

Daniel Trallero

Association GAN - Mémoire et Patrimoine.

Mai 2011

(*) La présence d’une tuilerie au sud de Gan avait été signalée en 1781 par Pierre-Bernard Palassou, dans ses "Essais sur la minéralogie des Monts-Pyrénées".Visible également sur la carte de Cassini, il est peu vraisemblable qu’elle se situât sur le site dont nous parlons ici.

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